Après avoir parcouru le monde avec Jordi Savall, avec 3MA (Ballaké Sissoko et Rajery), avec Paolo Fresu, Debashish Bhattacharya ou encore Montserrat Figueiras et après avoir prêté son oud à Armand Amar ou à Laurent Voulzy, Driss El Maloumi revient sur ses terres. Vers des espaces qu’il connaît, à Agadir, entre cultures arabe, amazigh, occidentale et sub-saharienne. Un carrefour où il invite son oud à distiller les épices glanées sur les mille chemins parcourus. Tranquillement, simplement, dans l’intimité d’un dialogue avec deux percussionnistes. Pour que son instrument puisse exprimer pleinement sa gourmandise, son envie de se délecter au contact d’autres essences, d’autres couleurs.
Pour traduire en musique ce cheminement personnel entre sa propre tradition et ses rencontres avec d’autres cultures, Driss El Maloumi s’offre un temps de pause, une réflexion personnelle. Il tente de poser les certitudes de ce qu’il a reçu, de prendre du recul.
Bien sûr, il sait qu’il est fait de cet héritage mais il revendique aussi une perméabilité. Il aime la tradition, sa structure, sa force, sa dignité. Mais il a besoin de laisser son oud assouvir ses désirs. Cette nécessité d’aller voir s’il peut vibrer aussi en dehors des empreintes de la tradition. Cette envie de savoir comment il réagira au contact d’un zarb iranien ou d’une percussion venue de Madagascar. Peut-il trouver la liberté de se lâcher tout en respectant tout aussi goulûment ce qui lui fut transmis et en laissant libre cours aux possibilités des échanges et des aventures ? Peut-il ensuite revenir à son héritage personnel, le chérir et lui permettre de prendre son envol par-dessus les préjugés, au-delà des interdits ? Et donner à la tradition ce dont elle doit se nourrir pour que, jamais, elle n’oublie sa gourmandise, pour lui éviter de sécher dans ses structures obligées. Driss El Maloumi fait ce voyage à merveille et nous invite, une fois de plus, à le faire avec lui. Il évite adroitement les pièges de la virtuosité froide et du fondamentalisme traditionnel ; il sort sa musique, ses musiques peut-être, au grand air et nous en offre les parfums délicats portés par une douce brise venue de chez lui.
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